Fondée en 2014 par Bertrand Fleurose, la société Cityscoot s’est imposée comme leader en France, sur le marché de la location de scooters en libre-service.
Avec ses 168 salariés (en 2023), la société comptabilise 2 500 véhicules à Paris, 250 000 utilisateurs actifs et plus de 18 millions de trajets.
La société Prosphère, spécialisée dans le management de transition et représentée par Michel Rességuier, était l’actuelle dirigeante de Cityscoot.
Un lancement réussi
En 2016, la start-up lève 15 M€ puis 40 M€ en 2018. Implantée à Paris, Nice, Milan puis Rome, Cityscoot entre dans le Next40 en 2019, avec un chiffre d’affaires de 21.9 M€ et, annonce un partenariat avec Uber dans la foulée.
Puis en 2020, la société ouvre son service à Barcelone et réalise une levée de fonds de 23,6 M€.
Cityscoot compte notamment dans ses investisseurs le groupe RATP, la Banque des Territoires, Allianz France ou encore Demeter.
Le début des difficultés…
À la suite des confinements successifs, Cityscoot a rencontré ses premières difficultés, du fait des nouvelles habitudes de déplacement de ses utilisateurs (télétravail, trottinette, vélo, autopartage,…).
De plus, la société a perdu des parts de marché conséquentes avec l’arrivée de ses concurrents (Yego, Cooltra,…).
Les exercices 2020 et 2021 de la société en ont été fortement impactés : le chiffre d’affaires passe de 15,7 M€ en 2019 à 14,4 M€ en 2021 (- 8%).
Pour autant, en juillet 2020, Cityscoot remporte l’appel d’offres lancé par la ville de Paris pour limiter à trois le nombre d’opérateurs de scooters électriques dans les rues de la capitale (aux côtés de Cooltra et YEGO). Cet appel d’offres les autorise à déployer leur flotte pour les cinq ans à venir.
« Si on ne gagnait pas l’appel d’offres de Paris, c’était la fin de Cityscoot », avait souligné Bertrand Altmayer, prédisent de 2022 à 2023 et actuel directeur général. En effet, c’est à Paris que la société réalise la majorité de ses revenus (80 %).
Peu de temps après, en août 2020, la société cesse son activité à Rome, suite à une faible reprise d’activité après le confinement. Puis, fin 2022, le service ferme également à Barcelone et la flotte est réduite de 3 600 à 2 500 scooters. Enfin, fin mars 2023, les scooters ne sont également plus disponibles à Nice; la société n’ayant pas été retenue par la ville.
Ouverture d’un redressement judiciaire & recherche de nouveaux partenaires financiers
Ce spécialiste du scooter en libre-service a besoin de fonds supplémentaires pour renouveler sa flotte de véhicules et, a donc sollicité la protection du tribunal de commerce de Paris, pour rechercher des investisseurs en toute sérénité. Plus précisément, Citysccot recherche « des partenaires financiers pour changer de modèle économique et déployer sa nouvelle flotte de scooters » moins coûteuse à exploiter, dès 2024.
Son redressement judiciaire1 a été ouvert le 21 novembre 2023, devant le Tribunal de Commerce de Paris.
Les propositions de reprises
Le redressement judiciaire de Cityscoot a été ouvert le 21 novembre 2023, avec une période d’observation de 6 mois soit jusqu’au 21 mai 2024.
La SELARL FHBX, prise en la personne de Me Charlotte FORT, a été désignée en qualité d'administrateur judiciaire.
La SELAFA MJA, prise en la personne de Me Valérie LELOUP-THOMAS, a été désignée en qualité de mandataire judiciaire.
Un appel d’offres a été lancé par l’administrateur judiciaire, avec une date limite de dépôt des offres fixée au 12 janvier 2024.
Au terme du délai, deux offres ont été déposées : celle du fondateur de Cityscoot, Bertrand Fleurose et, celle d’un de leur principal concurrent, Cooltra.
L’audience d’examen des offres s’est tenue le 6 février dernier.
Offre de reprise présentée par Bertrand Fleurose
La première offre est celle du fondateur et ancien dirigeant de Cityscoot, Bertrand Fleurose. L’offre mentionne la reprise de 143 salariés sur 150 et un prix de cession de 300 001 € se décomposant comme suit :
Actifs incorporels : 1€
Actifs corporels : 150 000 €
Stocks : 150 000 €
Ancien trader, Bertrand Fleurose lance l’idée de Cityscoot en 2012. Il dirigera cette société jusqu’en 2022 après avoir été écarté de celle-ci à la suite de désaccords stratégiques avec les actionnaires.
« Mon plan prévoit de revenir à l’équilibre au moins en 2025, avec un EBIDTA d’environ un million », précise l’entrepreneur.
Mais ce dernier indique que « mon plan de reprise nécessite quatre ou cinq millions d’euros. Or, pour l’instant, je n’en ai trouvé qu’une petite partie. Je vais donc demander au Tribunal de commerce de me laisser encore un peu de temps pour boucler mon tour de table. ».
La Caisse des dépôts et la RATP n’ont pas souhaité réinvestir dans Cityscoot, après avoir déjà dépensé des millions pour maintenir à flot cette start-up structurellement déficitaire.
Offre de reprise présentée par Cooltra
La seconde offre a été déposée par Cooltra, spécialiste de la location de scooters à la minute et longue durée à destination des particuliers, entreprises et administrations publiques.
Cooltra a été créé en 2006 à Barcelone par Timo Buetefisch, actuel Directeur Général et, s’est implanté en France en 2012. Présente dans 20 villes de 8 pays d’Europe (Paris, Barcelone, Rome, Lisbonne…), la société emploie plus de 400 salariés.
En 2022, le groupe Cooltra réalise un chiffre d’affaires de 46,8 M€, générant 5,1 M€ d’EBITDA, avec une flotte de 20 000 véhicules; dont 85% électriques.
Cooltra propose la reprise de 30 salariés sur 150 pour un prix de cession de 400 000 € :
Actifs incorporels : 350 000 € (dont marques, contrats, noms de domaine et clientèle)
Actifs corporels : 50 000 €
Fabien Douay, directeur France de Cooltra précise qu’« aujourd’hui, nous exploitons 1500 scooters et Cityscoot 1 100. Si nous reprenons Cityscoot, nous sortirons du marché parisien au départ les 1 100 engins de Cityscoot. Du coup, nous atteindrons plus rapidement que prévu notre point d’équilibre (2,2 locations par jour par engin) alors que nous sommes à une location par jour. »
La société propose de rationaliser l’activité de son concurrent Cityscoot en réduisant les frais de fonctionnement et les coûts logistiques d’entretien et de recharge des batteries tout en optimisant le service. Le projet prévoit de fusionner les bases de données clients de Cityscoot et Cooltra pour offrir un service de location via l’application Cooltra.
Fabien Douay ajoute qu’ « à Paris, nous garderons bien les scooters Cooltra beaucoup plus faciles à maintenir et moins lourds, précise Fabien Douay. En revanche, nous les exploiterons sous la marque Cityscoot très connue ou en cobranding Cooltra-Cityscoot. »
Cityscoot échappe à la liquidation judiciaire
L’audience d’examen des offres a eu lieu le 6 février dernier.
Faute de financements suffisants, le Tribunal de commerce de Paris a déclaré le projet de Bertrand Fleurose irrecevable.
Le 21 février 2024, le Tribunal a tranché en faveur de l’offre de Cooltra, évitant ainsi la liquidation pour Cityscoot, même si seulement 30 emplois seront conservés.
Affaire à suivre…!
Point pratique - le redressement judiciaire permet notamment pour la société bénéficiaire le gel des dettes et la protection des salariés. Dans le cadre de cette procédure, un plan de cession peut être organisé.
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